L’approvisionnement en cuivre des centres artistiques


L’existence de cette technique pose le problème de l’approvisionnement des ateliers et centres de production en matière première. L’état de la recherche actuelle ne permet pas de préciser d’où les artistes tiraient le cuivre nécessaire à leurs créations. Il existe en Afrique de nombreuses mines de cuivre. Certaines sont exploitées depuis très longtemps ; celles du Niger le sont au moins depuis le IIème millénaire avant Jésus-Christ. En Afrique de l’Ouest, il en existe dans la région d’Agadez et d’Azelick. Ibn Battuta qui a visité la région en 1354-1355 en fait mention lorsqu’il écrit : «La mine de cuivre est en dehors de Takkeda. Les gens creusent le sol pour trouver le minerai qu’ils apportent à la ville. Ils le fondent dans leurs maisons, c’est le travail des esclaves des deux sexes...»[2]. En Mauritanie, au Mali et au Soudan on trouve aussi des mines.


En Afrique centrale et australe, il y a un plus grand nombre de gisements : au Congo, en RDC, en Angola, au Zimbabwe, en Afrique du Sud, en Namibie. Leur exploitation ne remonte pas au delà du Ier millénaire après J.C. Des témoignages historiques attestent de l’utilisation de certaines de ces mines. Pour le Congo par exemple, Filippo Pigafetta dans sa "Description du royaume de Congo et des contrées environnantes" signale l’existence de haut fourneaux utilisés pour la fusion du cuivre, tandis que Olfert Dapper, dans sa "Description de l’Afrique" (1686) signale l’existence des mines de l’Angola.


Quant à l’étain, on en trouve en surface au Niger dans l’Aïr mais aussi au Nigeria sur le plateau de Bauchi.


Jusqu’à présent il n’a pas été possible de préciser de quelle mine provenait quel métal. Cette précision est d’autant plus difficile que les artistes réutilisaient les anciens objets en alliage cuivreux. Le minerai a pu circuler aussi sur les routes commerciales transsahariennes, du Nord au Sud, reversé sur celles de la cola en Afrique de l’Ouest. On pense en effet que les Africains de la côte échangeaient l’or très recherché dans les pays du nord contre le cuivre dont ils ne disposaient pas. Ce commerce aurait duré du XIIème au XVème siècle et aurait emprunté les mêmes routes que celles qui emmenaient vers le nord les esclaves et l’ivoire. Le trafic maritime un siècle plus tard permettra à d’abondantes quantités de cuivre de se retrouver en Afrique, à partir des côtes.


En Afrique orientale, pendant la même période, le cuivre était tiré des mines locales. On a des preuves que les populations préféraient le cuivre à l’or pour leurs bijoux.

 

[2] in Cuoq J. M. : Recueil des sources arabes concernant l’Afrique occidentale du VIIe au XVIème siècle, Paris CNRS, 1975, p 318.